CD Christophe Lartilleux TOM (toujours origine manouche ) Autoprod 2006 CL 001
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Nouveau CD du guitariste de latcho Drom ; une curiosité à plus d'un titre ; tout d'abord parce qu'il a tout fait tout seul (ou presque) : guitare solo, guitare d'accompagnement, basse électrique ; certes ce n'est pas le premier ; avant lui Francis Darizcuren, pascal Le Lyon ou Rino Von Hoydonk entre autres ont utilisé cette formule " je suis un orchestre à moi tout seul " ; ce n'est pas forcément un procédé qui convient pour un disque de jazz où stimulation et échange font alors défaut ; ensuite le répertoire est pour le moins surprenant pour moitié des titres ; 17 morceaux alternent compos originales et tubes de la pop, de la variété ou musiques de films ou de feuilleton TV, relus et arrangés à la sauce swing manouche ; certes il faut renouveler le genre et Chet Atkins a bien joué les Beatles en picking, mais si Trenet ou Brassens se prêtent naturellement à une relecture swing, Polnareff, Dany Brillant voire Moon Martin ou Scorpions se prêtent nettement moins au traitement jazz! A ce moment là pourquoi ne pas interpréter Minor Swing version hard rock ? Bref il me semble que cette démarche est une fausse bonne idée qui conduit à une impasse si elle devient systématique. Les talents de musicien de Christophe Lartilleux ne sont pas en cause ; c'est un guitariste virtuose qui conjugue clarté d'articulation et sens de l'improvisation (cf. ses longues phrases méditatives sur le très inspiré Mau, exercice solo convaincant), sans oublier le sentiment, et un compositeur qui puise son inspiration à diverses sources (cf. Quasar swing, Brazilian caravan ou le long Catalauna qui n'est pas sans évoquer Mc Laughlin' ou encore Dog bebop and mister swing, très new acoustic music) mais ces qualités s'exprimeraient davantage au sein d'un vrai groupe. On a plutôt l'impression ici d'une bonne démo faite à la maison qui nécessiterait ensuite une vraie production et un travail d'équipe ; sur le dernier titre, l'accordéon D'emy Dragoi double la guitare sur le Mouvement perpétuel de Paganini, époustouflant morceau de bravoure et l'on aurait aimé qu'il soit davantage présent, avec une vraie section rythmique qui pousse ! De bonnes choses, forcément avec un tel musicien mais inégal parce qu'inachevé à mon avis.

Francis Couvreux