L'Echo est allé fouiner chez Latcho Drom, cette formation de Jazz à cordes, originale et unique était à Marcoussis en novembre et ce fut l'occasion d'un bel échange musical et spirituel. Décidément, Lartilleux et sa bande de joyeux lurons n'ont pas fini de nous étonner... (photos prises pendant la balance).

Christophe Lartilleux : guitare électrique
Joël Trolonge : contrebasse
Yohan Renard : violon
Doudou Cuillerier : guitare et chant

Latcho Drom est un cas à part dans le jazz manouche. Celui qui assiste à un concert, s'il est venu pour écouter du swing gitan, sera quelque peu dérouté. Cette tradition, née avec Django est à multiples facettes et Latcho Drom se sert de ses fondations pour construire un discours original, avec un orchestre rutilant, rompu aux improvisations les plus inhabituelles.
Lartilleux est habité par la virtuosité et réussit un melting-pot original de tradition tsigane et de jazz "progressif". Latcho Drom est un espace interactif où tout le monde participe, envoie ses idées pour stimuler les solistes qui sont littéralement portés par cette interaction. Un cas à part aussi par le choix de Christophe pour l'électricité. Une vieille Ibanez modèle Joe Pass (avec quelques cordes ayant appartenu à son père, il y a 30 ans !) est désormais son axe principal - en effet, le modèle manouche acoustique lui pose quelques problèmes, des douleurs sournoises aux doigts de la main gauche.

Mais place à la musique, cette salle de Marcoussis est superbe et le son est excellent. Le groupe entre avec "Django's tiger" après une intro décalée et mystérieuse de Christophe. Le son est comme je vous le disais excellent et le groupe ne joue pas fort. Le violoniste Yohan Renard se tire très bien d 'affaire et on n'aura pas une seule fois à regretter l'absence de Florine Niculescu, ce qui est un challenge. Joël Trolonge concentré et attentif aux signes de ses camarades de jeu a un très beau son de contrebasse, moelleux à souhait et sait se faire oublier. Celui qui sonne le plus rabouin, le gardien de la tradition, c'est l'inévitable Doudou Cuillerier (poum-tchack !), il aura aussi l'occasion de chanter quelques titres et même de faire le pitre sur "C'est si bon".


Photos et reportage : Lecco


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La volonté de Lartilleux de "casser" la tradition et la routine du standard est pour lui nécessaire à son évolution ; il faut éclater ces harmonies vers d'autres horizons.
Le guitariste, pourtant fatigué et grippé, est rayonnant. "Douce ambiance", le groupe attaque sobrement le thème. On est surpris par le traitement spécial de ce morceau très usité. Le suites d'accords diaboliques de Christophe, rafales de quartes appuyées et mystérieuses. Ne vous y trompez pas, Lartilleux connaît son Django par coeur, il nous a gratifié d'une démo cinglante dans les loges.
Revenons sur scène. Le public est aux anges, "Tut i Tchi", valse tsigane chantée par Doudou laisse à Yohan l'occasion de briller avec de superbes glissandi. Yohan est très à l'aise et souriant sur scène et ponctue ses rageuses interventions par des grognements ou des éclat de rires. "Belleville", chorus de Christophe en tapping et belle conclusion avec Yohan, très persuasif. "Manoir de mes rêves ", jeu en harmoniques, traits virtuoses et "bartokiens", le public retient son souffle. Suivront les standards "Softly as in a morning sunrise" et "Troublant boléro" où Christophe chrorusse en harmoniques sur la palette sonore crée par ses amis, ouverte vers l'infini. Une coda très orientale viendra conclure la plus étrange version de ce boléro de Django. "Les yeux noirs", chorus "out" de Lartilleux et délicieux pizzicati de Yohan. Jean-Philippe "Juanito" Watremez viendra faire le boeuf avec ses amis sur un "Minor swing", titre qui nous donne l'occasion d'entendre Watremez et sa belle Favino "stimerisée" sur deux beaux chorus.
Concert réussi pour Latcho Drom, ces musiciens sont de sacrés farceurs, toujours le sourire aux lèvres et se lancent sans cesse des défis (musicaux). Doudou m'a expliqué que Christophe adore qu'on lui rentre dedans (musicalement) en lui envoyant une idée, un trait ou un clin d'oeil. Ici, tout le monde est à l'écoute, toute liste étant aléatoire, seul le dialogue persiste. Merci à Christophe et ses potes pour ce très beau concert, le premier de Latcho Drom en ce qui me concerne ; je connais les disques et j'avoue que le "Live 2001" m'avait laissé sceptique, idiot que je suis : j'avais oublié qu'un live, c'est mieux en vrai…

Site web de Lartilleux

Christophe a son site web (c'est un véritable mordu de technologies nouvelles et de multimédia), il a créé ce site seul et vous y trouverez tout ce que vous voulez savoir sur Latcho Drom

Portrait de Lartilleux

(Watremez au centre)